Les manifestations à Barcelone révèlent un profond mécontentement des résidents face à l'impact du tourisme. Alors que les visiteurs affluent, les habitants se sentent de plus en plus exclus de leur propre ville. Cette situation soulève des questions cruciales sur l'avenir du tourisme dans la région.
Lors d'une récente manifestation, des protestataires ont crié aux touristes de "rentrer chez eux". Les couples, surpris dans les cafés, ont été aspergés d'eau, tandis qu'un magasin de luxe était recouvert d'autocollants dénonçant les visiteurs. Le tourisme, bien qu'essentiel pour l'économie de l'Espagne, est devenu un fardeau pour de nombreux locaux.
Marina, une manifestante, a souligné que les loyers sont devenus inabordables à cause des locations de courte durée. Elle tenait une pancarte indiquant : "Votre AirBnB était ma maison". D'autres panneaux exigeaient l'interdiction des grands paquebots de croisière, accusés de "tuer" la ville. Les manifestants ne cherchent pas à stopper le tourisme, mais à le réguler.
Pepi Viu, âgée de 80 ans, a récemment été expulsée de son logement après près de dix ans dans un quartier prisé. Elle déplore que les propriétaires privilégient les loyers élevés au détriment des résidents. Actuellement dans une auberge, elle peine à trouver un logement abordable, les prix ayant grimpé de 70%.
Joan Alvarez, un autre résident, lutte pour conserver son appartement, loué depuis 25 ans. Son propriétaire a mis fin à son contrat, mais Joan refuse de partir. Il observe que la plupart des appartements de son immeuble ont été transformés en chambres individuelles pour maximiser les revenus locatifs. "Ce n'est pas qu'une question d'argent, c'est une question de principe", déclare-t-il.
Face à la pression des manifestations, les autorités de Barcelone ont annoncé l'interdiction totale des locations de courte durée à partir de 2028. Cela signifie que 10 000 propriétaires perdront leurs licences. Cependant, Jesus Pereda, propriétaire de deux appartements touristiques, estime que cette décision est inappropriée.
Il souligne que les loyers ont augmenté malgré l'absence de nouvelles licences depuis dix ans. Jesus attribue cette hausse aux travailleurs "nomades" qui arrivent d'autres régions d'Europe. Selon lui, les appartements touristiques contribuent à répartir les flux de touristes dans la ville.
Les tensions entre résidents et touristes à Barcelone illustrent un dilemme complexe. Alors que le tourisme est vital pour l'économie, il engendre des défis majeurs pour les habitants. La ville doit trouver un équilibre pour garantir que tous, résidents et visiteurs, puissent coexister. La situation actuelle appelle à une réflexion profonde sur l'avenir de Barcelone.