
Le Parquet national financier (PNF) a décidé de poursuivre un général retraité de l’armée de l’air française. Cette action se base sur un trafic d’influence présumé lié à un marché diplomatique en Somalie. Une source judiciaire a confirmé cette information ce samedi.
Cette affaire rappelle un roman d’espionnage, notamment grâce à un enregistrement clandestin. Réalisé le 6 novembre 2015, cet enregistrement a eu lieu lors d'une réunion de Rapid, un consortium dont le siège est en France. Ce consortium a remporté un appel d’offres de l’Union européenne pour construire un complexe diplomatique à Mogadiscio.
Le coût de ce projet s'élève à près de 100 millions d’euros. Lors de cette réunion, l'ex-général, Cyrille C., aurait mentionné un montant de 2 % du marché à verser à un intermédiaire pour garantir l'attribution du contrat, qui a été finalisée trois jours plus tard.
Un homme d’affaires franco-somalien, Abshir Aden Ferro, présent à cette réunion, a déposé une plainte pour corruption en avril 2016. Ce dernier souhaite également se présenter à la présidentielle en Somalie en 2026. Son avocat a reconnu des propos maladroits de l’ex-général, mais a affirmé qu'ils visaient à convaincre Ferro de rester impliqué dans le projet.
Malgré l'absence de preuves de corruption après neuf ans d'enquête, le PNF a décidé de renvoyer des personnes devant le tribunal correctionnel de Paris. Les dates d’audience restent à déterminer.
L’ex-général, âgé de 64 ans, est accusé de trafic d’influence. Grâce à lui, le consortium Rapid aurait eu accès à des informations confidentielles non partagées avec les autres candidats. Les investigations lient également cette affaire à Gérard H., un fonctionnaire européen soupçonné de prise illégale d’intérêts.
Les enquêteurs ont mis en lumière des liens personnels et financiers entre Cyrille C. et Gérard H. En 2016, Gérard H. a modifié des contrats pour dissimuler son lien avec le projet somalien, un conflit d’intérêts qu'il réfute.
Les trois responsables de sociétés membres du consortium sont également poursuivis pour trafic d’influence. Tous ont nié les accusations. En outre, la société African Skies Limited, candidate écartée de l’appel d’offres, a déposé plainte auprès du PNF en 2019.
Les tentatives de contacter Cyrille C. et Gérard H. via leurs réseaux sociaux professionnels ont échoué. Le site de Rapid est toujours actif, mais ses adresses électroniques ne fonctionnent pas.
Cette affaire met en lumière des pratiques douteuses au sein de marchés publics. Le PNF continue son enquête, et le procès à venir pourrait avoir des implications importantes pour les personnes impliquées. L'évolution de cette affaire sera à suivre de près.