La croissance économique en Espagne est palpable, mais l'investissement ne suit pas le même rythme. Cela a conduit à une écart croissant par rapport aux pays européens. Les fonds européens Next Generation EU (NGEU) ont été conçus pour relancer l'économie après la crise de la Covid-19. Le Plan de Récupération, Transformation et Résilience (PRTR) a été présenté comme une chance unique de moderniser l'économie.
Cependant, quatre ans après son lancement, l'évaluation des effets du PRTR montre une réalité décevante. Les objectifs ambitieux fixés par le gouvernement espagnol, tels que la récupération des niveaux d'investissement d'avant la crise, n'ont pas été atteints. Malgré une injection de plus de 160 milliards d'euros, les résultats en matière de productivité et d'investissement sont en deçà des attentes.
Lors de la présentation du PRTR en avril 2021, le gouvernement avait des objectifs clairs : stimuler l'investissement public et privé, moderniser le tissu productif et favoriser une transition écologique. Des études de BBVA Research avaient prévu un impact positif sur le PIB, mais les résultats sont moins optimistes. L'impact sur l'investissement privé s'est avéré inférieur aux prévisions initiales.
Le Banco Central Europeo (BCE) a récemment évalué les effets des fonds NGEU. Il a noté que le PIB espagnol avait crû de 1,2 à 1,7 % grâce à ces fonds, mais l'absorption des ressources a été plus lente que prévu. Ce retard a limité l'impact sur la croissance potentielle, et les améliorations en matière de productivité sont restées marginales.
Les données de fin 2024 montrent que l'investissement en capital fixe brut a crû de seulement 2,5 % par rapport aux niveaux d'avant la pandémie. En revanche, le consommation publique a été le principal moteur de la reprise, représentant 60,7 % de la récupération du PIB depuis 2019. Ce phénomène souligne la nécessité d'un changement dans le modèle de croissance.
Malgré une croissance de 3,2 % en 2024, l'investissement n'a augmenté que de 2,3 %. Cela soulève des questions sur l'efficacité des politiques économiques. Les taux d'intérêt en hausse et l'incertitude économique ont également eu un impact négatif sur l'investissement.
En termes de productivité, l'Espagne a enregistré une augmentation de 1,7 % du PIB par heure travaillée depuis 2019. Toutefois, cette hausse ne compense pas la réduction des heures travaillées. La création d'emplois a été concentrée dans des secteurs à faible productivité, freinant la transition vers des activités à plus forte valeur ajoutée.
Les fonds NGEU et le PRTR ont été freinés par divers obstacles. L'exécution lente des fonds et des réformes insuffisantes ont limité leur impact potentiel. La modernisation des administrations publiques n'a pas progressé au rythme nécessaire, ce qui a ralenti la mise en œuvre des projets.
En résumé, malgré les ambitions du PRTR et des fonds NGEU, l'Espagne fait face à un défi majeur en matière d'investissement et de productivité. La confiance des entreprises doit être restaurée pour un avenir économique plus robuste. Avec des réformes adéquates, l'Espagne peut encore tirer parti des opportunités offertes par la transition numérique et énergétique.