En Inde, les travailleurs domestiques subissent souvent des abus et de l'exploitation. Smitha, une aide domestique à Delhi, a été victime d'une agression publique par son employeur. Son histoire est l'une des nombreuses révélations sur la violence et le manque de protection dont souffrent ces travailleurs, en particulier les femmes issues de castes marginalisées.
Smitha, après avoir été accusée à tort de vol, a été battue et expulsée de la communauté où elle travaillait. Malgré une intervention d'une autre famille, elle a reçu un salaire dérisoire de 1 000 roupies pour un mois de travail. Cette situation illustre la précarité à laquelle sont confrontés des millions de travailleurs domestiques en Inde.
La majorité de ces travailleurs sont des femmes, souvent des migrantes issues de castes dévalorisées. Les abus incluent non seulement des violences physiques, mais aussi des agressions sexuelles, révélant un système profondément ancré d'exploitation.
Le mois dernier, la Cour suprême indienne a exprimé des préoccupations concernant l'exploitation des travailleurs domestiques. Elle a demandé au gouvernement de créer une loi pour les protéger. Cependant, des tentatives antérieures pour établir un cadre légal ont échoué, malgré des années de plaidoyer.
Des projets de loi proposés en 2008 et 2016 pour améliorer les conditions de travail n'ont jamais été adoptés. Une politique nationale de 2019 visant à intégrer les travailleurs domestiques dans les lois existantes n'a pas été mise en œuvre, ce qui laisse ces travailleurs sans protection.
En raison de l'absence de lois, les travailleurs domestiques dépendent de la bonté de leurs employeurs pour leurs salaires et leurs congés. En Inde, on dénombre environ 4,75 millions de travailleurs domestiques, mais l'Organisation internationale du travail (OIT) estime que ce chiffre pourrait atteindre jusqu'à 80 millions.
Les maisons privées ne sont pas considérées comme des lieux de travail, ce qui exclut les travailleurs domestiques des protections sociales telles que le salaire minimum et le droit à des conditions de travail sûres. Cette situation renforce la vulnérabilité de ces travailleurs.
Au moins 14 États indiens ont établi des salaires minimums pour les travailleurs domestiques, mais la sensibilisation à ces droits reste faible. De plus, les travailleurs n'ont souvent pas de contrats, ce qui complique leur identification et leur enregistrement.
Il est crucial de créer des systèmes d'enregistrement pour surmonter leur invisibilité. Cela aiderait non seulement à protéger les travailleurs, mais aussi à responsabiliser les employeurs, qui échappent souvent à toute forme de responsabilité.
L'Inde n'a pas encore ratifié la Convention 189 de l'OIT, qui vise à garantir des droits égaux aux travailleurs domestiques. Les décideurs, souvent employeurs eux-mêmes, ont un intérêt à maintenir le statu quo. Un changement de mentalité est essentiel pour améliorer la situation des travailleurs domestiques en Inde.