À la suite de deux semaines d'absence, je reviens sur le sujet d'Equipaje de mano grâce à Natalia Fabra. Dans un café discret à Bruxelles, un interlocuteur, expert en diplomatie communautaire, a murmuré : "Amainera-t-il bientôt ?". Ma réponse fut directe : "Ne nous laissons pas tromper, tout indique le contraire".
Depuis le retour de Donald Trump à Washington, l'Europe cherche à se redéfinir. Bien que neuf semaines semblent une éternité, le temps presse. Les élections au Parlement Européen de juin ont révélé un mosaïque complexe de gestion au sein de l'hémicycle. La formation de la Commission a été un véritable défi, marqué par des négociations difficiles.
La santé fragile d'Ursula von der Leyen a amplifié la sensation de désorganisation au sein d'une équipe centralisée. Les initiatives comme le Clean Industrial Deal et le Plan d'Action pour l'Automobile, bien qu'ambitieuses, ne traduisent pas le changement nécessaire. Les menaces de Trump, notamment sur les tarifs douaniers, continuent de peser sur l'Europe.
Trump a remis en question le soft power américain, affectant les relations internationales. En fermant l'agence USAID et en se retirant de l'OMS, il a créé un vide. De plus, ses attaques contre les universités et les purges au sein du Département de Justice soulignent une volonté de contrôle qui menace les valeurs démocratiques.
La Russie et la Chine profitent de cette situation. Alors que la première tente de s'imposer malgré une économie affaiblie, la seconde tisse son réseau d'influence. L'Europe doit réagir face à ces zones d'influence croissantes, car sans le soutien américain, les normes communes s'effritent.
Pour faire face à ces défis, l'Europe doit abandonner les solutions technocratiques. Elle doit retrouver la confiance et devenir le leader du Rest of the West, en unissant ses forces avec des pays comme le Canada et le Japon. Cela nécessite un dialogue ouvert avec Washington, tout en freinant l'expansion de Poutine et en gérant les ambitions de Xi.
Avec 450 millions de citoyens et un marché robuste, l'UE a les atouts nécessaires. Cependant, elle doit agir avec audace et définir une vision claire pour l'avenir. Les discours inspirés ne suffisent plus, il faut des actes concrets.
Les défis internes sont tout aussi pressants. L'Europe dépend des équipements militaires américains, tandis que la situation en Ukraine reste incertaine. Les tensions en Hongrie et dans les Balkans ajoutent à l'instabilité. Les mouvements migratoires dans le Sud nécessitent une réponse coordonnée, car les pays comme la Grèce et l'Italie ne peuvent pas faire face seuls.
Il est impératif d'élaborer un plan clair pour gérer l'immigration, en offrant des voies légales pour les travailleurs et en protégeant les droits des réfugiés. L'absence de plan pourrait mener à une dégradation de la situation, tant au Sud qu'à l'intérieur de l'Europe.
Dans ce contexte tendu, la déclaration de Schuman de 1950 résonne avec force. Elle appelle à un acte audacieux pour garantir la paix en Europe. Il est temps d'agir, de ne pas se contenter de promesses, mais de construire un avenir solide. Si l'Europe ne prend pas les devants, elle risque de devenir un spectateur de sa propre décadence. Le temps presse, et l'heure de l'action est venue.