Cecilia Roth, actrice emblématique née à Buenos Aires en 1956, n’a plus de maison à Madrid. Nous nous rencontrons dans un luxueux hôtel où elle séjourne, un cadre parfait pour cette diva, même si elle ne se considère pas comme telle. Elle est à Madrid pour promouvoir 'Furia', une série qui sera diffusée sur HBO Max le 11 juillet.
Lors de notre rencontre, elle commande un jus et plaisante sur ma bière sans alcool. Elle transforme un banal "Comment ça va ?" en une question sincère : "Je suis contente d'être ici, avec la série et mes circonstances." Madrid lui fait du bien, et elle y revient souvent.
'Furia' traite de cinq femmes à la limite, mêlant comédie et réalité. Bien que cela puisse faire sourire, la série reflète le malaise de notre époque. La colère actuelle, selon Roth, dépasse les simples circonstances personnelles des personnages. Elle évoque un monde de plus en plus en colère, où le haine est devenu un sentiment courant.
Roth, qui a fui la dictature militaire en Argentine en 1977, constate une colère générale qu'elle ne comprend pas. "La droite est à la mode, même l'extrême droite", dit-elle. Cette colère se manifeste souvent par des comportements misogynes, particulièrement chez les jeunes hommes, qui montrent une hostilité envers les femmes.
Elle évoque également sa confrontation avec Javier Milei, qui a qualifié Roth de "fracasée". Pour elle, cela illustre une situation inquiétante : un président qui insulte régulièrement des citoyens. Son personnage dans 'Furia' est une actrice du destape, une époque où la sexualité était révélée au grand jour.
Roth se souvient de son arrivée en Espagne, lors de l'émergence des films de María José Cantudo. Elle a refusé de participer à ce type de films, préférant faire une parodie. Elle se rappelle avoir tourné une scène où elle était nue avec une banque peinte sur elle, un moment qui l'a marquée malgré sa volonté de critiquer cette culture de la cosification.
Elle souligne que, même si elle s'est dénudée dans de nombreux films, cela ne doit pas être associé à la simple objectification. La différence réside dans le fait que, dans certaines œuvres, les hommes étaient également exposés, ce qui changeait la dynamique.
Roth évoque une idéalisée des années 80, affirmant qu'il n'y avait pas plus de libertés pour les femmes à l'époque. Elle reconnaît que certains commentaires d'hier peuvent être offensants aujourd'hui, mais cela témoigne d'une évolution nécessaire. "C'est un signe de croissance", dit-elle.
Elle parle de son parcours personnel, notamment de sa décision de vivre seule pour la première fois. "Je n'ai jamais été aussi heureuse", confie-t-elle, soulignant l'importance de l'intimité avec soi-même. Elle a redécouvert sa propre valeur et se sent libre de ses choix.
Concernant la situation à Gaza, Roth considère cela comme un génocide. Elle critique les leaders actuels qui mettent en péril l'humanité et exprime sa douleur face à la justification des actes d'Israël. Pour elle, cela dépasse les frontières du judaïsme et touche à l'humanité.
Elle conclut en affirmant que, bien qu'elle soit juive, elle ne peut pas soutenir ce qui se passe en son nom. "C'est une honte humanitaire", dit-elle, en appelant à une réflexion sur la condition humaine.
Cecilia Roth, à travers son parcours et ses réflexions, incarne une voix forte et engagée. Sa perspective sur la colère actuelle, le féminisme et les enjeux sociopolitiques démontre son désir de changement et d'évolution. Elle continue à inspirer et à provoquer des discussions essentielles sur notre monde.