Steve Witkoff, l'émissaire du président Donald Trump pour le Moyen-Orient, a effectué sa première visite à un site de distribution d'aide à Gaza, soutenu par Israël et les États-Unis. Accompagné de l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, Witkoff a voulu "apprendre la vérité" sur les activités de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF).
Cette visite intervient après des rapports presque quotidiens de fusillades mortelles près des points de distribution de la GHF. Les Nations Unies ont signalé au moins 859 Palestiniens tués dans ces zones, un chiffre que la GHF conteste. Israël affirme que ses troupes n'ont tiré que des coups de semonce et qu'elles ne visent pas délibérément les civils.
Witkoff et Huckabee ont visité un site de la GHF près de Rafah dans le sud de Gaza. Huckabee a déclaré sur X qu'ils avaient reçu des "informations de l'IDF et parlé avec des personnes sur le terrain". Il a affirmé que les sites de la GHF fournissaient "plus d'un million de repas par jour", qualifiant cela d'exploit incroyable.
La GHF a annoncé avoir distribué 1,3 million de repas à trois sites de distribution le jeudi précédent. Cependant, les Nations Unies estiment que le nombre de repas fournis par la GHF est bien en deçà des besoins nutritionnels globaux. Les journalistes internationaux, y compris la BBC, sont bloqués par Israël, rendant difficile la vérification des affirmations.
Certains habitants de Gaza ont dénoncé la visite de Witkoff comme un stunt médiatique. Louay Mahmoud, résident de Gaza, a déclaré : "Steve Witkoff ne verra pas la faim, seulement le récit qu'Israël veut qu'il voie." Il a ajouté que cette visite était une mission vide, sans solutions concrètes.
Amer Khayrat, père de deux enfants, a exprimé : "Ce dont Gaza a besoin, ce n'est pas d'un autre émissaire avec une équipe de presse. Nous avons besoin de lever le siège et d'arrêter les bombardements." Ces témoignages soulignent le désespoir croissant des habitants face à la situation actuelle.
Un ancien officier des forces spéciales américaines a témoigné avoir été témoin d'une brutalité inouïe de la part des troupes israéliennes. Il a déclaré avoir vu des soldats tirer sur des foules de Palestiniens près des sites où il travaillait. Les allégations de cet ancien militaire, le lieutenant-colonel Anthony Aguilar, ont été qualifiées de "catégoriquement fausses" par la GHF.
Les sites de la GHF ont remplacé le mécanisme de distribution de l'ONU en mai, ce qui a provoqué une indignation internationale. Israël accuse le Hamas de piller l'aide de l'ONU, une accusation que le Hamas nie. Les forces israéliennes ont été accusées à plusieurs reprises d'ouvrir le feu sur des foules près des points d'aide.
Les agences des Nations Unies ont averti que des faims massives se produisent dans le territoire. Le bureau des droits de l'homme de l'ONU a rapporté qu'au moins 1 373 Palestiniens ont été tués en essayant d'obtenir de l'aide alimentaire à Gaza. Parmi eux, 859 ont été tués près des sites de la GHF.
Le bureau a précisé qu'il n'avait aucune information indiquant que ces Palestiniens participaient directement aux hostilités. Israël accuse le Hamas d'être à l'origine du chaos près des sites d'aide. La GHF a rejeté les chiffres de l'ONU lorsqu'elle a été contactée pour un commentaire.
La visite de Witkoff à Gaza met en lumière la complexité de la situation humanitaire actuelle. Les témoignages des habitants et les accusations de brutalité soulignent les défis auxquels ils sont confrontés. Alors que les discussions autour d'un cessez-le-feu se poursuivent, la nécessité d'une aide humanitaire efficace et d'une résolution durable devient de plus en plus pressante.