Donald Trump est attendu aujourd'hui à la Maison Blanche pour une rencontre avec le roi Abdullah de Jordanie. Cette réunion intervient après que le président américain a proposé de déplacer la population de Gaza vers la Jordanie. Le roi Abdullah, un allié clé des États-Unis, doit faire face à une situation délicate entre ses relations militaires et diplomatiques et le soutien populaire pour les Palestiniens.
Les tensions en Jordanie, déjà exacerbées par la guerre de Gaza, atteignent un point critique avec les projets de paix de Trump. Ce dernier a élargi sa demande, déclarant que les Gazaouis devraient être déplacés vers la Jordanie et l'Égypte, sans droit de retour. Cette vision, si elle est mise en œuvre, violerait le droit international.
Lundi, Trump a menacé de retenir l'aide à la Jordanie et à l'Égypte si ces pays n'acceptaient pas les réfugiés palestiniens. Cela a suscité des réactions fortes parmi les Jordaniens, notamment ceux qui ont des liens avec Gaza.
Parmi les plus fervents opposants à cette idée, on trouve les Gazaouis eux-mêmes, qui ont déjà migré en Jordanie. Environ 45 000 personnes vivent dans le camp de Gaza, près de Jerash. Ces familles ont des racines profondes à Gaza et se souviennent des raisons qui les ont poussées à quitter leur terre natale.
Maher Azazi, 60 ans, a quitté Gaza à l'âge de trois ans. Il exprime son mépris pour Trump, le qualifiant de "narcissique arrogant". Selon lui, les Gazaouis d'aujourd'hui préfèrent "sauter dans la mer" plutôt que de quitter leur terre, ayant appris des erreurs de leurs ancêtres.
La Jordanie n'accueille pas seulement des Palestiniens; elle a également reçu des Irakiens et des Syriens fuyant la guerre. Les Jordaniens d'origine nationale blâment souvent ces vagues de réfugiés pour l'augmentation du chômage et de la pauvreté. Un centre de distribution alimentaire à Amman distribue 1 000 repas par jour, témoignant de la précarité de la situation.
Imad Abdallah, un travailleur journalier, a partagé ses inquiétudes. "La situation en Jordanie était bonne, mais chaque guerre aux alentours a empiré les choses," a-t-il déclaré. Il s'inquiète de la concurrence pour les emplois, affirmant que "les étrangers viennent et prennent nos emplois".
La Jordanie fait face à une pression croissante de son allié militaire clé, les États-Unis. Trump a déjà suspendu une aide de plus de 1,5 milliard de dollars par an. Les dirigeants jordaniens se préparent à une confrontation avec le président américain, qui pousse pour sa vision de Gaza.
Jawad Anani, ancien vice-premier ministre, a souligné que le roi Abdullah fera passer un message clair à Trump : "Nous considérons toute tentative de pousser les gens hors de Gaza et de Cisjordanie comme un acte criminel." Il a ajouté qu'il n'y a pas de confiance tant que Netanyahu est impliqué dans le processus.
Le plan de Trump pour Gaza pourrait pousser un allié clé des États-Unis, la Jordanie, à faire un choix crucial. Les manifestations contre ses propositions se multiplient, et la stabilité de la Jordanie, essentielle pour la région, est mise à l'épreuve. Les conséquences de cette situation pourraient avoir des répercussions non seulement pour les Jordaniens, mais aussi pour l'ensemble de la région.