Trubia, la villa cañonera des Asturies qui attend le 'maná de Trump' : la fabrique qui valait 5 millions facture désormais plus de 315
Introduction
Dans le petit village de Trubia, en Asturies, une histoire fascinante se cache derrière la fabrique d'armes. Valentín Álvarez, un homme de 57 ans, incarne cette mémoire vivante. Avec plus de 40 ans d'expérience dans l'usine, il est devenu une véritable encyclopédie de l'histoire locale.
Un héritage industriel
Valentín arrive avec une carpette plastifiée remplie de trésors historiques. Il présente un programme de cinéma de 1908, révélant que Trubia avait un cinéma avant même d'autres villes d'Asturies. Ce village, autrefois peuplé de 12 000 habitants, a été un centre de progrès et de bien-être au XIXe siècle, offrant des services que d'autres régions n'avaient pas.
Il évoque aussi une photo aérienne de 1863, montrant la fabrique, alors à la pointe de l'industrialisation. Selon lui, le général Elorza, fondateur de l'usine, a fait appel aux meilleurs artisans de France et de Belgique, propulsant Trubia vers un développement industriel sans précédent.
La dualité de l'industrie
Javier Arjona, un militant antimilitariste, souligne la paradoxe de la situation. Bien que l'industrie fabrique des armes, elle est aussi un pilier économique pour la région. Les partis de gauche, traditionnellement liés à la classe ouvrière, se retrouvent dans une position délicate, cherchant à protéger les emplois tout en dénonçant la guerre.
Arjona admet que la réalité géopolitique actuelle, avec des tensions croissantes, complique encore plus le débat. Les demandes de dépenses militaires augmentent, et la nécessité de maintenir des emplois dans l'industrie de la défense devient primordiale.
Une histoire complexe
La vente de l'entreprise Santa Bárbara à General Dynamics par le gouvernement d'Aznar a marqué un tournant. Valentín explique que cette vente, jugée ruineuse, a conduit à une réduction drastique des capacités industrielles espagnoles. Aujourd'hui, l'Espagne tente de rattraper son retard face à d'autres pays européens qui ont su conserver leurs industries de défense.
Le gouvernement espagnol, à travers le consortium Tess Defence, cherche à établir un champion national pour la défense. Cependant, l'industrie ne compte plus que deux usines, à Trubia et à Séville, alors que les autres pays investissent massivement dans leurs capacités militaires.
Un héritage à préserver
Trubia, fondée en 1794, a une histoire marquée par des événements historiques majeurs. La Révolution française a conduit à l'établissement de la fabrique d'armes, un choix stratégique pour éviter les conflits. Valentín souligne que le général Elorza a été un visionnaire, se préoccupant des conditions de travail et de la santé des ouvriers.
La fabrique a même survécu aux bombardements de la Guerre Civile, ce qui témoigne de son importance historique. Les récits de ces événements sont essentiels pour comprendre l'identité actuelle de Trubia.
Conclusion
La ville de Trubia représente un mélange d'héritage industriel et de défis contemporains. Alors que l'industrie de la défense est en pleine expansion, les questions éthiques et économiques demeurent. Valentín et Javier symbolisent cette lutte entre tradition et modernité, une dynamique qui continuera d'évoluer dans les années à venir.
