Le président américain Donald Trump menace d'annuler le financement de certaines universités si elles ne se conforment pas à ses exigences idéologiques. Cette situation fait écho à une promesse similaire de Pierre Poilievre pour les établissements d'enseignement supérieur canadiens. La question se pose : Poilievre suivra-t-il le même chemin ?
Trump a récemment annoncé qu'il mettrait fin à plus de 2,2 milliards de dollars US en subventions et à 60 millions de dollars en contrats destinés à l'Université Harvard. Cette décision fait suite au refus du président de Harvard, Alan Gerber, de céder à ces exigences, affirmant que l'université ne renoncerait pas à son indépendance.
Les demandes de Trump, qui suscitent des critiques sur l'atteinte à la liberté académique, incluent des restrictions sur les manifestations sur le campus et une révision des biais des départements académiques. Ces mesures visent à contrôler les conditions intellectuelles au sein des universités.
De son côté, Pierre Poilievre a menacé de définancer les universités qu'il juge idéologiquement biaisées. Dans un tweet, il a annoncé son intention de "définancer le wokisme et de lutter contre l'antisémitisme". Cette déclaration a été faite à l'occasion d'une interview où il a précisé qu'il ne tolérerait pas les agendas anti-sémites dans les établissements financés par l'État.
Lors de la publication de la plateforme du Québec de son parti, Poilievre a réitéré sa promesse de mettre fin à l'imposition de l'idéologie woke dans la fonction publique fédérale et dans l'attribution des fonds fédéraux pour la recherche universitaire.
La promesse de Poilievre a suscité une réaction de la part de l'Association canadienne des professeurs d'université (ACPU), qui a exprimé son inquiétude face à cette ingérence dans le financement de la recherche. David Robinson, directeur exécutif de l'ACPU, a souligné que cette situation rappelle les interférences politiques observées aux États-Unis sous l'administration Trump.
Les préoccupations sont également alimentées par le fait que Poilievre n'a pas fourni de détails clairs sur ses intentions. Les experts s'interrogent sur l'impact potentiel de ces menaces sur la liberté académique et la capacité des chercheurs à mener leurs travaux sans contraintes idéologiques.
La montée de la rhétorique anti-woke dans le discours politique canadien reflète une tendance observée aux États-Unis. Des études montrent que l'utilisation du terme "woke" a considérablement augmenté dans les débats parlementaires canadiens, avec Poilievre en étant un des principaux acteurs. Ce phénomène soulève des questions sur l'impact de cette terminologie sur le discours public.
Patrick McCurdy, professeur à l'Université d'Ottawa, souligne que le terme "woke" a été détourné pour désigner de manière péjorative ceux qui soutiennent la justice sociale. Cela pourrait avoir des conséquences néfastes sur la démocratie et le débat public au Canada.
Les menaces de Trump et les promesses de Poilievre soulèvent des questions cruciales sur la liberté académique et l'impact de l'idéologie sur l'éducation. Alors que les deux leaders semblent déterminés à imposer leurs vues, il est essentiel de surveiller les implications de ces actions sur les établissements d'enseignement supérieur et la recherche au Canada. La situation mérite une attention particulière pour protéger les valeurs fondamentales de la liberté d'expression et d'indépendance académique.