Le Canada traverse actuellement un transfert de richesse historique, avec des implications sociales et économiques significatives. Selon les Comptables Professionnels Agréés du Canada, un trillion de dollars devrait être transféré entre les baby-boomers canadiens et leurs enfants de la génération Y et X entre 2023 et 2026. Cette situation est particulièrement visible dans des villes comme Toronto et Vancouver, où les valeurs immobilières ont fortement augmenté.
Keith Willoughby, directeur de l'École de gestion Edwards à l'Université de la Saskatchewan, souligne que ce transfert de richesse pourrait avoir un impact étendu sur l'économie et la société. Il décrit cela comme un tsunami de un trillion de dollars qui va frapper la nation, une situation sans précédent dans l'histoire canadienne.
Cette injection de fonds dans le marché immobilier est déjà perceptible. Les enfants héritent de sommes importantes, souvent utilisées pour l'achat de maisons. Willoughby indique que si l'offre de logements ne s'accroît pas, la demande accrue pourrait faire grimper les prix. En 2024, 31 % des primo-accédants au Canada ont reçu de l'aide financière de leur famille pour acheter une maison, une hausse par rapport à 20 % en 2015.
De plus, la valeur moyenne des dons monétaires a considérablement augmenté, atteignant 115 000 dollars en 2024, contre 66 000 dollars en 2019. Cela met en lumière la manière dont les milléniaux héritent d'importantes richesses, qu'ils soient d'accord ou non.
Tous les Canadiens ne bénéficieront pas de ce transfert. Les nouveaux arrivants et les peuples autochtones, souvent exclus du marché immobilier, se retrouvent désavantagés. Jason Bird, enseignant à l'Université des Premières Nations du Canada, note que beaucoup de gens de la génération des baby-boomers sont déjà décédés, laissant peu d'héritages à transmettre.
Dans les communautés autochtones, la perception de la richesse diffère. La capacité de partager est souvent considérée comme un signe de richesse, où plus on a, plus on peut donner. Cela souligne les inégalités persistantes dans la distribution des richesses au Canada.
La tendance à donner de l'argent hérité est en hausse. Donna Ziegler, directrice exécutive de la South Saskatchewan Community Foundation, travaille à maintenir cette richesse vivante pour les générations futures. D'autres, comme Jess Klassen, qui a hérité de 300 000 dollars, cherchent à redistribuer leur richesse de manière efficace.
Klassen se questionne sur le montant d'argent nécessaire pour vivre en sécurité, ce qui reflète une volonté croissante de réévaluer la façon dont la richesse est utilisée. Bien que le Canada n'ait pas de taxe sur les héritages depuis 1972, Willoughby suggère qu'il pourrait être bénéfique d'étudier ce modèle dans d'autres pays.
Le transfert de richesse au Canada représente un moment charnière qui pourrait redéfinir les dynamiques économiques et sociales. Alors que certains voient une opportunité d'améliorer leur situation, d'autres restent en marge. La manière dont cette richesse sera gérée et redistribuée aura des conséquences durables sur la société canadienne.