Dans le récit le plus célèbre d'Ursula K. Le Guin, intitulé Les qui abandonnent Omelas, l'auteure américaine soulève un dilemme éthique et moral toujours d'actualité. L'histoire se déroule lors de la fête du solstice d'été dans une ville future nommée Omelas, un lieu de bonheur.
Omelas est décrite comme une ville où tout le monde est heureux. Les habitants se livrent à des plaisirs variés, y compris des orgies et des drogues, présentées avec une certaine ironie par l'auteure. Cependant, cette joie collective repose sur un sombre secret.
Un enfant, maltraité et enfermé dans un sous-sol, est la clé de ce bonheur. La population d'Omelas est consciente de sa souffrance, et ils l'emmènent même en excursion pour la voir lorsqu'ils sont jeunes. Cette réalité pose une question troublante sur le prix de la félicité.
Récemment, j'ai observé des stories sur Instagram de personnes dansant au Primavera Sound. Ce qui a attiré mon attention, c'est un tunnel installé à l'entrée du festival, recréant les bombardements de Gaza. Ce tunnel de 15 mètres, avec des sons de bombes et d'alarmes, visait à sensibiliser les festivaliers.
Conçu par les ONG Casa Nostra, Casa Vostra et NOVACT, ainsi que par l'ingénieur palestinien Oussama Rima, cette installation invitait les gens à réfléchir sur la nature du son et son impact sur la vie humaine. L'objectif était de provoquer une réaction, de faire réfléchir sur la fête et la souffrance.
Malgré sa proximité avec le festival, l'installation Unsilence Gaza a été largement ignorée par les participants. Beaucoup de ceux qui entraient dans le tunnel en sortaient rapidement pour retrouver leur groupe de musique favori. Cela soulève des questions sur la sensibilité des gens face à des réalités troublantes.
Le contraste entre la fête et la souffrance est frappant. Les festivaliers semblent préférer la musique à la réflexion sur des questions graves. Cela pose la question : pourquoi tant de personnes choisissent-elles de détourner le regard?
Ce que j'apprécie le plus dans le récit d'Ursula K. Le Guin, c'est son final en mouvement. Elle nous montre que certains de ceux qui vont voir l'enfant ne retournent pas chez eux pour pleurer, mais s'éloignent simplement. Cela soulève des interrogations sur leur destination.
À où vont-ils? Peut-être que des figures comme Liam Cunningham et Greta Thunberg pourraient nous éclairer. Le lieu où ils se dirigent est décrit comme encore moins imaginable que la ville de la joie. Cela nous amène à réfléchir sur la nature de notre propre bonheur et les sacrifices qu'il implique.