Au cours des cinq derniers jours, 282 personnes ont été arrêtées en Turquie lors d'opérations ciblant des activistes, des politiciens et des journalistes liés à des politiques pro-kurdes. Ces actions se déroulent dans un contexte de dialogue entre le gouvernement et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par la Turquie et l'UE.
Le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, a déclaré sur Twitter que ces opérations avaient lieu dans 51 provinces et visaient à capturer des membres présumés d'organisations terroristes. Il a également mentionné les nombreux crimes associés à ces arrestations, comme la participation à des manifestations interdites et la publication de contenus en soutien au PKK.
La dernière vague de raids a eu lieu tôt ce matin, avec au moins 52 personnes arrêtées, y compris des membres du Congrès démocratique des peuples (HDK). Cette organisation regroupe des partis de gauche, des féministes et des écologistes engagés pour les droits des Kurdes. Tous les détenus ont été transférés vers des unités antiterroristes, où ils ne pourront pas être assistés par leurs avocats pendant 24 heures.
La procureure d'Istanbul a affirmé que les suspects avaient incité la population à organiser des protestations sous couvert de légalité, suivant les instructions du PKK. Elle a également qualifié le HDK d'« organisation façade » agissant en parallèle du Parlement.
Des partis d'opposition et des organisations de droits de l'homme ont accusé le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan d'exercer une pression sur le système judiciaire pour étouffer toute critique à son encontre. L'avocate Aynur Tuncel Yazgan a déclaré que si la liberté était l'exception et l'intervention la règle, alors l'état de droit devait être remis en question.
Le syndicat des journalistes de Turquie a également condamné ces détentions, affirmant que les perquisitions nocturnes par la police antiterroriste étaient inacceptables. Le député Iskender Bayhan a averti que ces opérations pourraient n'être que le début d'une vaste campagne impliquant jusqu'à 6 000 personnes.
Ces récentes arrestations s'inscrivent dans une campagne plus large qui a vu le licenciement et l'arrestation de onze maires, dont neuf du parti pro-kurde DEM. Ces actions sont souvent justifiées par des accusations de liens avec le PKK. De nombreux journalistes et membres de la société civile ont également été emprisonnés pour des accusations de terrorisme et d'autres délits liés à leur travail.
Le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, considéré comme le principal rival d'Erdogan, fait face à de nouvelles poursuites qui pourraient le disqualifier de la course politique. Cette situation s'aggrave alors que le gouvernement cherche à démanteler le PKK et à entamer un nouveau processus de paix.
Le leader du PKK, Abdullah Öcalan, actuellement incarcéré, devrait bientôt publier une lettre appelant à un nouveau processus de paix. Il pourrait demander à ses partisans de désarmer. Une délégation du parti pro-kurde DEM a déjà rencontré Öcalan, qui semble ouvert à faire le appel nécessaire pour avancer vers la paix.
Il est à noter que les bases du PKK sont principalement situées dans les montagnes de Qandil, au Kurdistan irakien. La situation reste tendue et les développements futurs pourraient avoir des implications significatives pour la stabilité de la région.
Les récentes opérations en Turquie soulèvent des questions cruciales sur la liberté d'expression et le respect des droits humains. Alors que le gouvernement intensifie ses efforts pour lutter contre le PKK, les conséquences pour les activistes et les opposants politiques deviennent de plus en plus préoccupantes. L'avenir de la paix et des droits des Kurdes dépendra des choix faits par le gouvernement et des réponses des acteurs concernés.