Des dizaines de personnes ont été arrêtées en Turquie suite à des publications "provocatrices" sur les réseaux sociaux. Cela fait suite à l'arrestation du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, qui a eu lieu mercredi. Imamoglu fait partie des plus de 100 personnes détenues pour des accusations de corruption et d'aide à des groupes terroristes, provoquant des manifestations à Istanbul et à Ankara.
Imamoglu, membre du Parti républicain du peuple (CHP), est un rival clé du président Recep Tayyip Erdogan. Il devait être désigné candidat à l'élection présidentielle de 2028 cette semaine. Les critiques qualifient son arrestation de coup et prévoient d'autres manifestations, malgré l'interdiction de quatre jours sur les rassemblements imposée par le gouverneur d'Istanbul.
Le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé que la police avait identifié 261 "gestionnaires de comptes suspects" en ligne. Ces derniers auraient publié des contenus enfreignant les lois sur "l'incitation à la haine" et "l'incitation à commettre un crime".
Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées devant l'hôtel de ville d'Istanbul mercredi. Certains ont exigé la démission du gouvernement, tandis que d'autres ont scandé "Erdogan, dictateur". Le leader du CHP, Ozgur Ozel, a appelé les partisans à "remplir les rues". Un porte-parole du parti a annoncé qu'Ozel s'adresserait à la foule à nouveau jeudi soir.
La police a fait usage de gaz lacrymogène et de spray au poivre lors des affrontements avec les manifestants. Les autorités turques ont également restreint l'utilisation des réseaux sociaux à l'échelle nationale après ces arrestations.
Imamoglu a été arrêté lors d'une opération qui a entraîné la détention de 106 personnes. Ces arrestations s'inscrivent dans une vaste répression visant les politiciens d'opposition, les municipalités, les journalistes et des figures de l'industrie du divertissement. Les procureurs locaux ont également saisi une entreprise de construction appartenant au maire d'Istanbul dans le cadre d'une enquête sur des crimes financiers.
Les figures de l'opposition affirment que ces arrestations sont motivées politiquement. Cependant, le ministère de la Justice a critiqué ceux qui ont lié Erdogan à ces arrestations, affirmant leur indépendance judiciaire.
L'année dernière, Imamoglu a remporté un second mandat en tant que maire d'Istanbul, lors d'élections locales où son parti, le CHP, a triomphé. C'était la première fois que le parti d'Erdogan subissait une défaite à l'échelle nationale. Ces élections ont été un coup dur pour le président, qui a grandi à Istanbul et a été maire avant de devenir président.
Erdogan est au pouvoir depuis 22 ans, en tant que premier ministre puis président. En raison des limites de mandat, il ne peut pas se représenter en 2028, à moins de modifier la constitution. La sélection du candidat présidentiel du CHP, dont Imamoglu est le seul candidat, est prévue pour dimanche.
La situation en Turquie demeure tendue avec des arrestations qui suscitent des protestations massives. Les événements récents soulignent les tensions entre le gouvernement et l'opposition, ainsi que les implications politiques à venir. Les manifestations prévues ce week-end pourraient marquer une escalade dans les tensions sociales et politiques du pays.