Cette photo, prise en 2017, montre l'intérieur de l'usine de conversion d'uranium d'Ispahan, un site nucléaire iranien. Israël a récemment frappé l'Iran, affirmant que le régime enrichit de l’uranium à des niveaux militaires, ce qui pourrait lui permettre d'obtenir une arme nucléaire rapidement. En réponse, Téhéran a justifié ses actions, affirmant son droit à l'enrichissement et à la technologie nucléaire.
L'enrichissement de l'uranium commence avec l'uranium naturel, qui est composé à 99,3 % de matériau non fissile. Cet uranium contient principalement l'isotope 238, qui ne peut pas subir de fission nucléaire. L'Iran cherche à enrichir ce matériau pour obtenir de l'uranium 235, qui est fissile et capable de produire une réaction en chaîne, générant ainsi une immense énergie.
Le spécialiste Yves Marignac souligne que cette fission permet de produire de l'électricité et, potentiellement, des armes nucléaires. En effet, l'uranium 235, qui ne représente que 0,7 % de l'uranium naturel, est crucial pour ces processus. L'objectif de l'Iran est donc d'augmenter ce pourcentage pour répondre à ses besoins énergétiques et militaires.
Pour enrichir l'uranium, l'Iran utilise des centrifugeuses qui tournent à grande vitesse. Le pays en possède plus de 10 000, réparties sur plusieurs sites. Les centrifugeuses de Natanz ont été ciblées par les frappes israéliennes, tandis que celles de Fordo ont été épargnées, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Le processus commence par la conversion de l'uranium naturel en gaz, qui est ensuite introduit dans les centrifugeuses. L'isotope 238, plus lourd, est projeté contre les parois, tandis que le 235, plus léger, est concentré au centre. Ce processus est répété pour augmenter progressivement la concentration d'uranium 235 dans le produit final.
Il existe plusieurs niveaux d'enrichissement. Entre 3 et 5 %, l'uranium peut alimenter un réacteur nucléaire. L'ingénieure Valérie Faudon indique que des discussions sont en cours pour atteindre 6 %, afin de réduire la fréquence de rechargement en combustible. À 20 %, l'uranium enrichi est utilisé en médecine nucléaire et pour certains réacteurs de recherche.
L'Iran vise officiellement un taux de 60 % pour des raisons de recherche, mais son objectif non déclaré serait d'atteindre 90 %, le seuil nécessaire pour fabriquer une arme nucléaire puissante. Actuellement, le pays dispose de 9247,6 kg d'uranium enrichi, dont plus de 410 kg à 60 %.
Le régime iranien a pris des engagements dans le cadre d'un traité de non-prolifération nucléaire signé en 1974. Selon ce traité, l'uranium ne doit pas être détourné vers des armes nucléaires. L'Iran s'est également engagé à être transparent, et son activité d'enrichissement est censée être surveillée par l'AIEA.
Cependant, l'AIEA a signalé qu'elle ne peut plus assurer la continuité de ses connaissances sur la production d'uranium en raison du refus de l'Iran d'accorder l'accès à ses installations. Cette situation soulève des inquiétudes quant à la transparence et à la vérification des activités nucléaires iraniennes.
Les tensions autour de l'enrichissement de l'uranium en Iran soulèvent de nombreuses questions. Alors que le pays affirme agir dans un cadre civil, les ambitions militaires restent un sujet de préoccupation pour la communauté internationale. La situation nécessite une attention continue pour éviter une escalade potentiellement dangereuse.