Dans le désert du Texas, un véhicule blindé Stryker est stationné près d'une section du mur frontalier. Utilisé dans les guerres d'Iraq et d'Afghanistan, ce véhicule combatif fait partie des efforts pour stopper ce que le président américain Donald Trump a qualifié d'"invasion" à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.
Le Stryker est l'un des environ 100 véhicules déployés le long des 3 100 km de la frontière. En plus de cela, plus de 8 000 soldats, ainsi que des avions espions et des drones, surveillent la côte. À quelques kilomètres sur le côté mexicain, un jeune homme observe la situation, représentant l'un des rares signes de cette "invasion".
Les agents de la patrouille frontalière désignent ce jeune homme comme un "faucon", surveillant et décidant quand et où encourager les migrants à traverser. Cependant, ces traversées, autrefois à un niveau record, ont considérablement diminué, soulevant des questions sur les tactiques de Trump concernant la frontière.
Trump est accusé de contourner la distinction traditionnelle entre les forces armées et la police domestique en déployant l'armée à la frontière. Aux États-Unis, la Posse Comitatus Act interdit aux forces armées fédérales de participer à des activités d'application de la loi, sauf autorisation expresse du Congrès.
Cependant, l'armée peut patrouiller ses propres bases et arrêter les intrus grâce à ce que l'on appelle la "doctrine de l'objectif militaire". En avril, le Pentagone a créé deux zones de défense nationale, devenant de facto des parties de bases militaires existantes.
Elizabeth Goitein, directrice senior au Brennan Center for Justice, souligne que cela permet à l'armée de patrouiller de vastes étendues de la frontière. Les migrants qui traversent ces zones peuvent être considérés comme des intrus et peuvent être temporairement détenus par des soldats américains.
Les commandements militaires insistent sur le fait que leur mission est d'alerter les agents de la frontière, et non de faire le travail de la police domestique. Le gouvernement Trump soutient que ces zones militaires sont nécessaires pour la sécurité nationale.
Malgré l'extension des zones militaires, les chiffres des traversées ont chuté à des niveaux historiquement bas. En avril, plus de 8 000 personnes ont été arrêtées pour entrée illégale, contre 128 000 l'année précédente, représentant une baisse de 94% selon les statistiques gouvernementales.
Le général de brigade Jeremy Winters a déclaré qu'une seule entrée illégale est déjà trop. La création de ces zones de défense nationale a un impact direct sur les arrestations, avec environ 340 migrants détectés dans ces zones militarisées.
La militarisation de la frontière américaine se poursuit, avec des implications juridiques complexes pour les migrants. Alors que les forces armées restent du côté américain, les tensions demeurent vives. Les enjeux de sécurité nationale et les questions de droits civiques continuent de susciter des débats intenses.