La vente aux enchères intitulée « Augmented Intelligence » a débuté ce jeudi, mettant en avant des œuvres d'art créées grâce à l'intelligence artificielle. Cette vente, qui se déroule en ligne jusqu'au 5 mars, comprend une vingtaine de pièces uniques. Christie’s, la maison d’enchères renommée, réalise une première en consacrant un événement entier à des objets générés par l’IA.
Nicole Sales Giles, directrice des ventes d’art numérique chez Christie’s, souligne que l’IA est de plus en plus présente dans notre quotidien. Elle explique que de plus en plus de personnes comprennent la technologie derrière l’IA. Cela les rend plus susceptibles d’apprécier ces œuvres dans un contexte créatif.
Parmi les pièces phares de cette vente, on trouve « Emerging Faces », estimé à 240 000 euros, réalisé par l’artiste américain Pindar Van Arman. Cette œuvre est le résultat d’une interaction entre deux modèles d’IA. L’un crée un visage sur une toile, tandis que l’autre l’arrête lorsqu’il détecte une forme humaine.
Les œuvres comprennent non seulement des toiles, mais aussi des sculptures, des photos et des écrans géants affichant des créations entièrement numériques. Ces artistes utilisent l’IA comme un complément à leur pratique artistique, enrichissant ainsi leur travail traditionnel.
La vente d’art généré par l’IA suscite des réactions mitigées. Une pétition demandant l’annulation de l’événement a été lancée, recueillant plus de 6 300 signatures. Les auteurs de la pétition affirment que plusieurs œuvres ont été créées en utilisant des modèles d’IA qui ont utilisé sans autorisation des travaux protégés par le droit de la propriété intellectuelle.
Les signataires estiment que cette vente valorise une pratique qu'ils considèrent comme un « vol massif » des créations d’artistes humains. En 2023, plusieurs artistes ont intenté des actions en justice contre des start-up d’IA générative, accusées d’enfreindre la législation sur la propriété intellectuelle.
Refik Anadol, un grand nom de l’art numérique, défend cette vente, affirmant que la majorité des artistes impliqués utilisent leurs propres données et modèles. Il insiste sur le fait que ces créateurs ne s’inspirent pas d’autres œuvres. Cependant, des artistes comme l’illustrateur Reid Southern souhaitent que soient exclues les pièces ne reposant pas sur des données originales.
Southern estime que cette proportion pourrait atteindre un tiers des œuvres présentées lors de la vente. La question de l’originalité et de l’utilisation éthique des données reste donc au cœur des débats autour de cette vente innovante.
La vente « Augmented Intelligence » de Christie’s marque un tournant dans le monde de l’art contemporain. Elle soulève des questions cruciales sur la place de l’intelligence artificielle dans la création artistique et sur les droits des artistes. Alors que l’IA continue de transformer le paysage artistique, il est essentiel de trouver un équilibre entre innovation et respect des droits d’auteur.