Dans un monde où la narration n'est plus réservée à l'humanité, il est fascinant d'imaginer un futur où les histoires « faites main » deviendront des curiosités. Si nous abandonnons cette pratique, peut-être est-il temps de renoncer à l'idéalisation du pouvoir des récits. Chaque histoire que nous partageons représente un univers où la correlation est proscrite.
Chaque récit que nous créons se transforme en un enchevêtrement de causes et d'effets. Ce maillage est si fondamental et intuitif que nous finissons par le confondre avec notre propre existence. Nous croyons que chaque changement d'humeur, chaque peur, chaque désillusion cache un secret, souvent révélé dans des flashbacks cinématographiques.
Les personnes, même sans formation en scénarisation, perçoivent que, avant de quitter ce monde, il est crucial de résoudre les intrigues en suspens. Comme dans les biopics, un climax final confirme que nos succès étaient mérités et que nos échecs étaient nécessaires pour notre évolution.
Dans les romans de mystère, comme dans les théories du complot, il existe un plaisir existentiel à se croire dans une fiction. Ces récits, adaptés pour un large public, nous offrent une perspective sur notre réalité. L'idée que « tout arrive pour une raison » est une pensée qui résonne en nous, même si elle nous embarrasse parfois.
Lorsque des personnages publics comme la congressiste américaine Marjorie Taylor Greene partagent des déclarations controversées, ils appliquent des règles de narration. Dans ces contextes, la présence d'un antagoniste est plus pressante que la crédibilité de l'ensemble de l'histoire.
Natalie Wynn, avec son dernier essai intitulé Conspiracy, propose une analyse approfondie du pensée conspiranoïque. Ce chef-d'œuvre de deux heures et quarante minutes, publié sur son canal YouTube, a captivé plus de trois millions de spectateurs en un mois. C'est à la fois une comédie et une dissection sérieuse de ce phénomène culturel.
La conclusion de l'essai ne suit pas le schéma traditionnel d'un climax. Au lieu de cela, après avoir exploré le problème sous tous ses angles, Wynn conclut qu'il n'existe actuellement aucune solution. Tout passe, et c'est ainsi.
En somme, les récits, qu'ils soient fictifs ou réels, continuent de façonner notre compréhension du monde. La manière dont nous racontons nos histoires révèle notre perception de la réalité. Dans un avenir où la narration évolue, il est essentiel de garder à l'esprit le pouvoir et la responsabilité qui accompagnent chaque récit que nous partageons.