
Après une année marquée par un nombre record d’attaques d’ours, la viande d'ours connaît une forte demande dans certains restaurants du Japon. Au restaurant Kinoko-no-sato Suzukaen, situé au nord de Tokyo, la salle est comble. La plupart des clients viennent pour découvrir une nouvelle spécialité à la carte : la viande d’ours.
Takaaki Kimura, compositeur, a partagé son expérience après avoir goûté ce plat : « C’est bien plus juteux que je ne l’imaginais ». D'autres clients notent que la texture est plus ferme que celle du porc, parfois difficile à mâcher, mais avec un goût agréable. Cette expérience culinaire devient populaire, même si elle reste inhabituelle.
La demande pour la viande d'ours est en grande partie due à l'actualité tragique des rencontres entre humains et plantigrades. En 2025, le Japon a enregistré un nombre record d’attaques d’ours, avec 13 personnes décédées et plus d'une centaine blessées. Ces chiffres sont sans précédent depuis le début des statistiques en 2006.
Les experts attribuent cette situation à l’augmentation significative de la population d’ours. Le changement climatique affecte leur hibernation et leur capacité à trouver de la nourriture. Parallèlement, le vieillissement de la population japonaise rend certaines zones rurales moins actives, incitant les ours à s'y aventurer davantage.
Face à cette urgence, les autorités japonaises ont pris des mesures exceptionnelles. L’armée a été déployée dans le nord du pays pour soutenir les chasseurs, tandis que la police anti-émeutes a été autorisée à abattre ces animaux. En six mois, plus de 9 000 ours ont été tués, un chiffre supérieur à celui de l'année précédente.
Pour éviter le gaspillage des carcasses, le gouvernement encourage la consommation de la viande d'ours. Des chefs, comme Kiyoshi Fujimoto, cuisinent cette viande dans des plats raffinés. « Je la fais mijoter lentement avec du vin rouge, les tendons et les os, jusqu’à ce qu’elle soit tendre », explique-t-il.
Malgré l'engouement pour la viande d’ours, une grande partie reste inutilisée, en raison du manque d’abattoirs agréés, surtout dans le nord du pays. Le Japon compte 826 structures spécialisées dans le gibier, mais très peu se trouvent là où les ours sont les plus présents.
Ce paradoxe freine le développement de cette filière atypique. Les autorités et les chefs espèrent que la consommation de la viande d'ours pourra devenir une source de revenus touristiques pour les régions touchées par la présence de ces animaux.
La viande d'ours, bien que controversée, devient une spécialité recherchée au Japon. Entre la nécessité de gérer une population d'ours croissante et l'opportunité économique qu'elle représente, l'avenir de cette filière semble complexe. Les efforts pour encourager sa consommation devront surmonter des défis logistiques pour garantir un développement durable.