
Ignorée par les institutions, Goli Koujan a grandi dans le nord-est de l'Iran sans être enregistrée ni avoir de carte d'identité. Comme de nombreux jeunes de la communauté balouche, elle a été victime de discrimination. À 12 ans, elle a été contrainte de se marier avec son cousin. Un an plus tard, elle a donné naissance à son premier enfant sans aucune attention médicale.
Au fil des ans, Koujan a souffert d'abus et de maltraitance. À 18 ans, elle a été arrêtée, accusée d'avoir tué son mari. Après avoir passé sept ans dans le corridor de la mort, elle risque d'être exécutée le mois prochain, à moins que sa famille ne parvienne à rassembler 100 000 euros. Cette somme correspond au "droit du sang", une tradition en Iran qui permet à la famille de la victime d'exiger une compensation financière.
Le système judiciaire iranien n'accorde à Koujan le droit à l'indulgence que si elle parvient à réunir cette somme. Les circonstances atténuantes, telles que l'abus prolongé ou la violence de son mari, ne sont pas prises en compte. Les organisations de droits de l'homme en Iran dénoncent cette injustice. Bahar Ghandehari, directrice du Centre de Droits Humains en Iran, souligne que les filles sont souvent mariées dès 13 ans, subissant des violences sans possibilité de divorce.
Les témoignages d'anciennes codétenues révèlent que Goli a tenté de fuir pour demander de l'aide à ses parents, mais son père l'a renvoyée chez elle avec des mots durs. Le jour du crime, elle a vu son mari frapper leur fils de cinq ans et a appelé son cousin à l'aide. Dans la confusion, son mari est mort accidentellement, mais elle a été arrêtée avec son cousin.
En Iran, l'âge minimum pour se marier est de 13 ans, mais les familles peuvent organiser des mariages religieux plus tôt. En 2022, 27 448 mariages de filles de moins de 15 ans ont été enregistrés, dont 1 085 ont donné naissance cette année-là. Les groupes de défense des droits affirment que les autorités ne protègent pas les victimes de violence et les dissuadent souvent de porter plainte.
Les femmes se retrouvent souvent dans des situations de violence sans aucune aide. Les ordonnances de protection ne fonctionnent pas, et les femmes qui dénoncent des abus sont souvent isolées. Dans le cas de Koujan, même si elle est graciée, elle risque de vivre en marge de la société, sans contact avec ses enfants.
Goli Koujan, qui était analphabète à son arrestation, a appris à lire et à écrire en prison. Elle aspire à une certaine indépendance à travers l'éducation. Les organisations de droits de l'homme affirment que son cas n'est pas isolé. Les minorités, comme les balouches, subissent une discrimination systématique dans le système judiciaire iranien.
Mahmood Amiry Moghaddam, de l'organisation des droits de l'homme en Iran, souligne que Koujan est une des personnes les plus vulnérables de la société. Sa condamnation illustre l'utilisation de la peine de mort par les autorités pour instiller la peur. En 2022, l'Iran a exécuté 975 prisonniers, dont 31 femmes, un chiffre alarmant pour la dernière décennie.
La situation de Goli Koujan met en lumière les graves violations des droits humains en Iran. Les lois discriminatoires et le manque de protection pour les femmes et les enfants continuent de perpétuer un cycle de violence et d'injustice. L'avenir de Koujan reste incertain, mais son histoire est un appel urgent à la réforme et à la protection des droits des plus vulnérables.