Lorsque Sir Keir Starmer arrivera à Washington la semaine prochaine, il devra naviguer sur une ligne diplomatique délicate. Son objectif principal sera de maintenir son soutien à Volodymyr Zelensky et au gouvernement ukrainien. Cependant, il cherchera également à attirer l'attention de Donald Trump sur les discussions qu'il a entamées avec la Russie pour mettre fin à la guerre.
Ce ne sera pas une tâche facile. Les relations transatlantiques sont actuellement très tendues. Le président américain a bouleversé le soutien de longue date des États-Unis à l'Ukraine, en mettant de côté l'Europe. Le secrétaire à la Défense des États-Unis, Pete Hegseth, a déclaré que la sécurité européenne n'est plus une priorité pour les États-Unis.
Malgré ces défis, Sir Keir pourrait avoir un avantage sur ses alliés européens. En effet, il est l'un des rares dirigeants européens à pouvoir rester au pouvoir pendant toute la présidence de Trump. Ce dernier apprécie le fait que le Premier ministre britannique dispose d'une majorité parlementaire solide.
Trump a récemment déclaré à la BBC : "Je m'entends bien avec lui. Je l'aime beaucoup." Cependant, ces paroles chaleureuses ne suffisent pas à garantir un soutien concret. Sir Keir devra proposer des offres tangibles pour séduire le président américain.
Une des propositions de Sir Keir pourrait être le déploiement de troupes britanniques en Ukraine dans le cadre d'une force de réassurance post-conflit. Bien que cette idée ait suscité des critiques parmi certains dirigeants européens, elle pourrait lui rapporter des points diplomatiques à la Maison Blanche.
En outre, Sir Keir pourrait promettre d'augmenter les dépenses militaires du Royaume-Uni. Bien qu'il ne soit pas prévu qu'il annonce un calendrier précis, il pourrait insister sur l'engagement du Royaume-Uni et encourager d'autres alliés européens à faire de même.
Les risques associés à ce voyage sont considérables. Le président, connu pour sa sensibilité, pourrait mal prendre les critiques de Sir Keir concernant sa déclaration selon laquelle Zelensky est un dictateur. De plus, l'insistance de Sir Keir sur la nécessité d'une couverture aérienne américaine pour toute force de réassurance européenne pourrait irriter Trump.
Les responsables britanniques seront particulièrement attentifs aux tensions potentielles sur le commerce, notamment avec les menaces de Trump d'imposer des tarifs sur les biens britanniques. Ils savent que convaincre Trump que ces mesures nuiraient aux dépenses de défense européennes sera un défi.
En fin de compte, la visite de Sir Keir Starmer à Washington pourrait révéler des leçons difficiles sur les réalités de la diplomatie moderne. Le fossé idéologique entre l'Europe et les États-Unis pourrait s'avérer trop large pour être comblé par des offres transactionnelles. Les enjeux sont élevés, et la délégation britannique devra naviguer prudemment dans ce nouvel environnement politique.