Ni la propagande révolutionnaire la plus retorse n'aurait pu imaginer des scènes aussi favorables à ses intérêts. Depuis que Nicolás Maduro est devenu le supposé défenseur des droits humains, sa vice-présidente, Delcy Rodríguez, se retrouve à la tête d'une concentration de familles réclamant la liberté de leurs jeunes enfermés dans l'enfer salvadorien du Centre pour Reclusión de Terroristas (CECOT).
Le monde semble à l'envers. Des chanteurs, des serveurs, des pêcheurs et des jeunes éloignés de la violence sont parmi les détenus de la mégacarcér de Bukele simplement pour être tatoués. Cette mode du tatouage, très répandue dans les quartiers populaires du Venezuela, est devenue comme une seconde cédula d'identité.
Les récits des familles bouleversent les Vénézuéliens, stupéfaits par les récents événements qui allient déportations massives et persécutions de compatriotes. Des dénonciations émergent, comme celle d'un jeune Vénézuélien arrêté pour avoir photographié ses collègues de travail en cours d'arrestation.
Les doutes sur l'identité des déportés sont si nombreux que Marco Rubio, secrétaire d'État des États-Unis, a affirmé que si leur innocence était prouvée, le gouvernement salvadorien les renverrait à leur tour au Venezuela. La question demeure : qui effectuera cette vérification ?
Des noms comme Gustavo Adolfo Aguilera, Ringo Rincón et Arturo Suárez Trejo figurent parmi les 238 déportés au CECOT, sans aucun processus judiciaire. Beaucoup d'entre eux sont défendus par leurs familles, sans antécédents criminels.
Le serveur Mervin Yamarte a informé sa mère de sa déportation, malgré une vie stable à Dallas. À sa grande surprise, les réseaux de Bukele ont montré son fils de 29 ans, à genoux, effrayé et rasé, comme s'il était le pire des criminels. Sa mère, en larmes, a affirmé que son fils était un bon travailleur.
Franco Caraballo est un autre de ces "monstres", comme les a qualifiés Donald Trump. Accusé d'être un dangereux pandillero, ses tatouages sont présentés comme des preuves. Ancien barbero, il est devenu un symbole de cette pantomime gouvernementale.
Maria Puerta Riera, professeure de gouvernement américain, a averti que cette situation offre à Maduro une opportunité d'antagoniser un gouvernement agissant de manière anti-démocratique. Le gouvernement salvadorien a même utilisé le Système Patria pour collecter des informations sur les migrants, qu'il a longtemps ignorés.
Les tensions entre Washington et Caracas se poursuivent, avec des menaces de sanctions de la part de Rubio contre la révolution bolivarienne. Malgré cela, ces mouvements semblent finalement favoriser le chavisme. Rubio a déclaré que si le régime de Maduro n'acceptait pas un flux constant de vols de déportation, de nouvelles sanctions seraient imposées.
Juan Pappier, de Human Rights Watch, a protesté que Bukele offre à Trump une sorte de Guantanamo centraméricain. Malgré les accusations de liens avec le Tren de Aragua, Maduro maintient un dialogue constant avec l'envoyé spécial Richard Grenell, ce qui complique la situation.
La situation actuelle est complexe et tragique. Les déportations et les arrestations de Vénézuéliens soulèvent des questions éthiques et politiques. Les familles continuent de lutter pour la justice, tandis que les gouvernements semblent jouer un jeu dangereux avec des vies humaines. La réalité est que l'avenir de ces individus reste incertain.