Peu avant de lancer son invasion à grande échelle de l'Ukraine, le président russe a formé en 2022 avec la Chine une "alliance sans limites". Cette alliance a été renforcée lors de la rencontre récente entre Vladimir Poutine et Xi Jinping au Kremlin, où ils se sont déclarés "amis de fer".
Les deux dirigeants se sont engagés à élever leur coopération à un nouveau niveau pour contrer l'influence des États-Unis. Après une cérémonie fastueuse, ils ont affirmé leur rôle de défenseurs d'un nouvel ordre mondial, moins dominé par Washington. La déclaration conjointe souligne la nécessité de "renforcer la coordination" face à la "double contention".
Poutine et Xi envisagent un ordre international qu'ils jugent anachronique, dirigé par une puissance en déclin. Malgré les défis, ils cherchent à établir un front uni contre les États-Unis, dont ils critiquent le "domination" et l'"exceptionnalisme".
Dans ce contexte, la coopération énergétique est devenue une priorité. Poutine s'est tourné vers la Chine pour remplacer les biens précédemment importés d'Europe. De son côté, Xi a sécurisé un approvisionnement fiable en hydrocarbures russes à des prix compétitifs.
Les deux pays partagent la conviction que pour résoudre le conflit en Ukraine, il est nécessaire de traiter les "causes fondamentales", ce qui signifie répondre aux exigences de Moscou. Cette dynamique montre la volonté de la Chine et de la Russie d'affirmer leur influence sur la scène mondiale.
Malgré leur alliance, des tensions subsistent. Xi a souligné la nécessité d'éliminer l'interférence externe, tout en travaillant ensemble contre le "unilatéralisme et l'intimidation" des États-Unis. Les analystes notent que les deux pays visent à affaiblir le système d'alliances de Washington.
Cependant, la relation entre Moscou et Pékin est complexe. Les deux nations ont des intérêts divergents, notamment en Asie centrale, où chacun cherche à étendre son influence. Les différends territoriaux et les alliances militaires ajoutent une couche de complexité à leur partenariat.
Il y a près de trente ans, Zbigniew Brzezinski a mis en garde contre une coalition potentiellement dangereuse de la Chine, de la Russie et peut-être de l'Iran. Cette coalition "anti-hégémonique" est désormais une réalité, unie par des griefs communs plutôt que par une idéologie partagée.
Les États-Unis craignent ce défi, sachant que la dynamique actuelle pourrait voir la Chine en tant que leader, avec la Russie comme allié subordonné. Poutine utilise la mémoire de la victoire de la Seconde Guerre mondiale pour renforcer son influence et maintenir l'Occident à distance.
La rencontre entre Poutine et Xi souligne une volonté partagée de défier l'ordre mondial dominé par les États-Unis. Bien que des tensions subsistent, leur partenariat semble se renforcer, avec des implications significatives pour la stabilité mondiale. Les deux nations naviguent dans un paysage géopolitique complexe, cherchant à affirmer leur place sur la scène internationale.