Le Sénat a récemment adopté une proposition de loi visant à « sortir la France du piège du narcotrafic ». Cette initiative remodèle l’architecture judiciaire de la lutte contre ce fléau avec la création d’un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco).
Le texte a été voté presque à l’unanimité, avec 338 voix pour et une seule contre. Les sénateurs ont exprimé un soutien fort, notamment de la part des ministres de la Justice et de l’Intérieur. Gérald Darmanin a salué cette adoption comme une victoire.
La proposition de loi sera examinée par l’Assemblée nationale au mois de mars, potentiellement à partir du 17. Cela marque une avancée significative dans la lutte contre le narcotrafic en France.
Le Pnaco sera chargé des crimes les plus graves liés au narcotrafic. Inspiré des parquets financier et antiterroriste, il jouera un rôle de coordination essentiel dans la lutte contre ce type de criminalité.
Gérald Darmanin espère que le Pnaco sera opérationnel en janvier 2026. Il sera installé « par défaut à Paris », bien qu'une mission propose d'autres lieux, comme Marseille. Tous les acteurs de la chaîne pénale seront spécialisés dans la criminalité organisée.
Le texte prévoit la création d’un état-major criminalité organisée (EMCO) pour renforcer les services d’enquête. Cet EMCO, basé à Nanterre, sera le bras armé de la lutte contre les trafiquants.
Pour lutter contre le narcotrafic, la loi introduit un double mécanisme de gel judiciaire et administratif des avoirs. Cela vise à frapper les trafiquants directement au portefeuille.
Une procédure d’injonction pour richesse inexpliquée a également été mise en place. Elle obligera les suspects à justifier leur train de vie, souvent incohérent avec leurs revenus légaux.
La loi interdit l’utilisation des mixeurs de cryptoactifs, qui rendent l’origine de ces actifs numériques intraçable. Cela représente une avancée dans la lutte contre le blanchiment d’argent.
Le texte facilite le partage d’informations entre les juridictions et les services de renseignement. Il propose d’expérimenter le renseignement algorithmique pour détecter les menaces liées à la criminalité organisée.
Une mesure controversée impose aux plateformes de messagerie chiffrée de permettre l’accès aux correspondances des trafiquants, sous conditions strictes. Cela soulève des inquiétudes concernant les libertés publiques.
Les préfets pourront prononcer des interdictions de paraître sur les points de deal. Cette mesure vise à lutter contre l’enrôlement des mineurs dans le trafic.
Sur le modèle de la loi antimafia italienne, le Sénat a réformé le régime des repentis. Ce statut sera rendu plus attractif pour encourager les témoignages contre les têtes de réseaux criminels.
La loi introduit un procès-verbal distinct, surnommé « dossier-coffre ». Il contiendra des informations recueillies via des techniques spéciales d’enquête, préservant ainsi la confidentialité de ces méthodes.
Ces éléments, bien que cachés aux suspects, pourront être utilisés dans des cas d’intérêt exceptionnel pour la vérité. Cela suscite des inquiétudes parmi les avocats pénalistes.
La proposition de loi adoptée par le Sénat est un pas important dans la lutte contre le narcotrafic en France. Avec la création du Pnaco et des mesures renforcées, le gouvernement espère réduire l'impact de ce fléau sur la société.